...Les
Qouraichites s’acharnèrent sur les émigrants et les autres musulmans que
leurs propres clans tribaux attaquaient aussi. Il leur était difficile
d’admettre la nouvelle selon laquelle de Négus avait bien reçu et traité
les émigrants. Face à cette situation, le Messager d’Allah (Prière et bénédiction
d’Allah sur lui) ne put s’empêcher de demander à ses compagnons de
retourner en Abyssinie. Cette deuxième émigration était plus dure que la
première car les Qouraichites s’y attendaient et tenaient à la faire échouer.
Cependant les musulmans étaient plus rapides. Allah leur ayant facilité le
voyage, ils parvinrent en Abyssinie avant de se faire rattraper. Cette fois la délégation
comportait 83 hommes si l’on compte 'Ammâr
(dont on doute de l’émigration) et 18 ou 19 femmes.
Les
associateurs tenaient coûte que coûte à empêcher les émigrés de trouver un
refuge pour eux-mêmes et pour leur religion. Aussi, choisirent-ils deux hommes
robustes et intelligents à savoir 'Amr ibn al'As et 'Abdoullah ibn abi Rabî'a
avant leur conversion à l’Islam qu’ils envoyèrent, chargés des
cadeaux les plus précieux, auprès du Négus et de ses patriarches. Les deux
hommes, munis des cadeaux, arrivèrent chez les patriarches auxquels ils
fournirent des arguments en faveur de l’expulsion des musulmans et, après que
ceux-ci furent d’accord de proposer au Négus de les expulser, ils rencontrèrent
le Négus même à qui ils offrirent les cadeaux et parlèrent en ces termes:
«Ô Roi! Il se réfugie dans votre pays de jeunes
stupides qui, ayant quitté la religion de leur peuple, n’ont pas pour autant
embrassé la vôtre. Ils ont apporté une religion qu’ils ont créée de
toutes pièces et que personne ne connaît, ni nous, ni vous-mêmes. Aussi,
avons-nous été dépêchés auprès de vous par les nobles de leur peuple, par
leurs pères, leurs oncles et leurs clans qui vous demandent de les leur rendre,
car ils veillent sur eux mieux que quiconque et savent mieux que quiconque ce
qu’ils ont eu à leur reprocher».
Les patriarches dirent: «Effectivement! Sire!
Rends-les leur! Qu’ils retournent avec dans leur pays et auprès de leur
peuple!».
Le Négus, malgré tout tenait à examiner la question et à écouter toutes les
parties. Il envoya donc chercher les musulmans qui, ensuite, se présentèrent,
prêts à dire la vérité sous toutes ses formes. Le Négus leur dit:
«Quelle est donc cette religion pour
laquelle vous vous séparez de votre peuple, sans embrasser la mienne, ni aucune
des autres religions?».
Ja’far
ibn abi Tâlib, le porte-parole des musulmans dit:
«Sire! Nous faisions partie des gens de l’ignorance
et comme eux, adorions les idoles, mangions de la charogne pratiquions la
fornication, rompions les liens de parenté et maltraitions nos voisins.
Les plus forts parmi nous se nourrissaient des plus faibles.
Nous ne cessions de vivre de la sorte jusqu’au jour où Allah nous envoya un
Messager qu’il choisit parmi nous, un Messager dont nous connaissons la généalogie,
la franchise, l’honnêteté et la chasteté, qui nous appela à Allah que nous
devons adorer et considérer comme Dieu unique, nous départissant de tout ce
que nous adorions d’autre que Lui, nous et nos ancêtres, comme pierres et
idoles.
Il nous ordonna le franc parler, la restitution des choses confiées, le culte
de la parenté, le bon voisinage, l’abstention des choses interdites et de
l’effusion du sang.
Il nous interdit la fornication, le mensonge, l’abus des biens des orphelins,
l’accusation des femmes chastes et vertueuses, nous ordonnant d’adorer
Allah, Lui Seul, sans L’associer à rien ni à personne, de prier, de
s’acquitter de la Zakât (purification des biens) et d’observer le jeûne.
Sur ces bases, nous avons cru en lui et en sa mission, nous l’avons suivi dans
la pratique de la religion qu’il nous a apportée.
Aussi, avons-nous adoré Allah Lui Seul, sans l’associer à rien d’autre,
avons considéré comme illicite ce qu’on nous a interdit et comme licite ce
qu’on nous a ordonné.
Alors notre peuple nous a indexés, torturés, tourmentés à cause de notre
religion, cherchant à nous ramener à l’adoration des idoles au lieu
d’Allah le Très Haut, aux perversités que, jadis, nous considérions comme
licites.
Lorsqu’ils nous eurent contraints maltraités et traqués, ne nous laissant
aucune chance de pratiquer notre religion, nous fuyâmes vers votre pays car,
nous vous avons choisi à l’exclusion des autres, pour être sous votre
protection et nous espérons, Sire, qu’auprès de vous, nous ne subirons
aucune forme d’injustice».
Le Négus dit alors: «Peux-tu me dire tant soit peu de
ce qu’Allah a révélé?»
«Oui» répondit Ja’far.
Le Négus lui dit: «Alors, récite le moi».
Ja’far commença par «Kâf
Ha, Ya, 'Aïn Sâd»; le début de la sourate Mariam (Marie).
Ma foi, le Négus pleura alors, à se mouiller la barbe. Ses évêques pleurèrent
aussi à mouiller leurs livres lorsqu’ils eurent entendu la sourate.
Le
Négus dit ensuite aux évêques: «Il ne fait pas de
doute que ceci et ce que Mousâ avait apporté sortent de la même niche».
Se retournant vers les deux émissaires il dit: «Allez
vous-en! je ne vous les livrerai pas. Ils sont sous ma protection».
'Amr ibn al 'As et son compagnon sortirent, mais le premier dit au second: «Je
jure sur Allah que demain je reviendrai avec de quoi les faire expulser».
'Abdoullah ibn Rabîa s’adressa à lui en ces termes: «Ne
le fais pas. Ce sont des parents, même s’ils nous ont contrariés ».
Cependant 4Amr ibn al 'As persista dans sa démarche et, le lendemain dit au Négus: «Ils disent des choses étranges de ‘Isâ le fils de Marie».
Celui-ci envoya chez les musulmans leur demander ce qu’ils pouvaient bien dire au sujet du Messie. Les musulmans paniquèrent mais s’entendirent entre eux pour ne dire que la vérité. Dès leur arrivée, à la cour, le Négus les interrogea et, alors, Ja’far répondit:Ar-Rahiq al Makhtoum - Cheikh Safi ar-Rahman al-Moubarak Fouri - Université Salafi de Banaris en Inde
Copyright 2000 / mise en garde