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Extrait de « Silsilat Al Ahâdiths Adha’îfat » Tome 1
 - Hadith 57 - 
« La divergence de ma communauté est une miséricorde »

La divergence n'est pas une miséricorde - Cheikh Mouhammad Naçir Din al Albani -

57 - « La divergence de ma communauté est une miséricorde »

Ce n’est pas un hadith. Il n’a pas d’origine. Les spécialistes de la science du hadith ont fait des efforts pour lui trouver une chaîne de transmission mais en vain.

Assouyoutî[1] a dit dans « al Jâmi’ou saghîr » : « Il se peut qu’il se trouve dans un des livres des savants mais qu’il ne nous soit pas parvenu. »

Pour moi cela est très loin d’être possible car cela voudrait dire qu’il y aurait des hadiths que la communauté aurait perdus, or cela, aucun musulman ne peut le concevoir.

Al-Mounâwî rapporte de As-Sabkî[2] : « Ce hadith n’est pas connu chez les spécialistes du hadith et je ne lui ai trouvé aucune chaîne de rapporteurs, qu’elle soit faible, authentique ou bien fabriquée. »

 Le Cheikh zakariya al ansârî  a confirmé la chose dans son commentaire de « Tafsîr al-Baydâwî » (2/92).

 En plus, la signification de ce hadith a été réprouvée par les grands savants, ibn Hazm[3] a dit dans « al Ihkâm fî ousouli l-ahkâm » (5/64) après qu’il ait montré que ce n’était pas un hadith :

« Ceci est la plus mauvaise parole qui soit, car si la divergence était une miséricorde, alors l’union serait un châtiment et cela aucun musulman ne peut dire une chose pareille, en effet il n’y a que deux possibilités, l’union ou bien la divergence,  la miséricorde ou bien le châtiment. »

Et il a dit à un autre endroit : « C’est un Faux hadith, un hadith mensonger. » comme cela sera exposé dans le hadith 61.

 Une des conséquences néfastes de cette parole est que les musulmans ont agréé la divergence prononcée qui existe actuellement entre les quatre madâhibs, et ils n’essayent jamais de présenter ces divergences devant le Coran et la Sounnah authentique comme le leur a demandé leurs imâms qu’Allah les agrée. Au contraire ils considèrent ces quatre madhâhibs comme autant de législation[4] (chari’a) ! Ils prononcent cette parole tout en sachant les divergences profondes et contradictoires qui existent entre ces madâhibs et ils savent que ces divergences ne peuvent être résolues qu’en éliminant celles qui contredisent les preuves et en acceptant celles qui sont conformes aux preuves, mais ils ne le font pas ! Et à cause de cela ils ont attribué à la législation (chari’a) des contradictions ! Or cela à lui seul prouve que cette théorie ne vient pas d’Allah ‘azza wa jall. Si seulement ils avaient pris en considération la parole d’Allah au sujet du Coran :

وَلَوْ كَانَ مِنْ عِندِ غَيْرِ اللّهِ لَوَجَدُواْ فِيهِ اخْتِلاَفًا كَثِيراً

« S’il venait d’un autre qu’Allah ils y auraient certes trouvé beaucoup de contradictions.» [S4V82].

Le verset est clair sur le fait que la contradiction ne provient pas d’Allah, donc comment peut on la considérer comme une législation qui doit être suivie et comme une miséricorde descendue ?!

 A cause de ce hadith et d’autres comme lui, les musulmans n’ont cessé, après les imâms et jusqu’à nos jours, d’être en divergence sur les sujets touchant à la croyance et aux actes.

S’ils avaient considéré la divergence comme un mal, comme l’a dit ibn mas’oud et d’autre, qu’Allah les agréé, ainsi que l’a stipulé le verset coranique et les nombreux Ahâdiths (= pluriel de hadith) du prophète Prière et Salut d'Allah sur lui, ils se seraient empressés d’aller vers l’union et se seraient mis d’accord sur la plupart de ces questions pour lesquelles Allah nous a donné les preuves qui permettent de distinguer le vrai du faux, puis pour le reste ils s’excuseront les uns les autres sur ce sur quoi ils sont en désaccord. Mais comment voulez-vous qu’ils le fassent sachant que pour eux, la divergence est une miséricorde et que les madhâhibs avec leurs divergences sont autant de législations (charâ-i’) ?!

 Si tu veux voir les conséquences de cette divergence ainsi que leur entêtement dessus, il te suffit de regarder dans les mosquées : tu y vois quatre endroits dans lesquels quatre imâms différents prient ! Pour chaque imâm il y a un groupe de personnes qui attendent de faire la prière derrière lui, comme si chaque groupe faisait parti d’une religion différente !

Et comment cela pourrait en être autrement puisque leur savant dit : « leurs madhâhibs sont autant de législation (charâ-i’) ! ». Ils agissent ainsi tout en connaissant la parole du prophète Prière et Salut d'Allah sur lui : « lorsque l’Iqâma de la prière est faite il n’y a pas de prières en dehors de la prière obligatoire»[5].

Ils se permettent de contredire ce hadith pour préserver le madhab, comme si le madhab avait plus de valeur chez eux que le hadith  du prophète Prière et Salut d'Allah sur lui.

 Conclusion : la divergence est réprouvée par la législation, il est obligatoire de l’éliminer autant que peut se faire, car c’est une des causes de l’affaiblissement de la communauté, comme l’a dit Allah ta’âla :

وَلاَ تَنَازَعُواْ فَتَفْشَلُواْ وَتَذْهَبَ رِيحُكُمْ

 « ne vous disputez pas sinon vous faiblirez et perdrez votre force » [S8V46].

Par contre agréer la divergence puis la nommer « miséricorde » contredit le verset qui est clair quand à sa condamnation. Et seul ce hadith inventé proclame que la divergence est une miséricorde.

 De là il se peut que l’on se pose la question suivante :  Les compagnons ont pourtant divergé, ce sont les meilleurs des hommes, est ce que la condamnation évoquée plus haut les concerne aussi ?

 Ibn Hazm qu’Allah lui fasse miséricorde a répondu à cette question (5/67-68) en disant : « Non, cette condamnation ne les concerne pas car chacun d’entre eux a cherché la vérité de sorte que ceux qui se sont trompés parmi eux ont reçu une récompense pour leur bonne  intention qui consistait à rechercher le bien et ils ne seront pas blâmés pour leur erreur car ils ne l’ont pas faite intentionnellement et n’ont pas été négligeants dans leur recherche. Tandis que ceux d’entre eux qui  ont eu raison ont été récompensés par deux récompenses et ainsi de suite pour tout musulman jusqu’au jour du jugement dans ce qui lui a échappé de la religion.

La condamnation et le châtiment évoqué concerne celui qui ne s’accroche pas à la corde d’Allah, c’est-à-dire le coran et à la parole du prophète Prière et Salut d'Allah sur lui, après que lui soit parvenu le texte, que la preuve se soit manifestée à son encontre et qu’il ait intentionnellement copié untel ou untel en contredisant le texte et en appelant au fanatisme, désirant par cela le groupe et en cherchant dans le coran et la sounnah ce qui est conforme à ses propres principes et en rejetant les textes qui les contredisent pour s’accrocher à son ignorance, ce sont eux les gens qui divergent et qui seront condamnés.

Il y a une autre catégorie de personnes dont le manque de crainte et l’infime couche de religion qu’ils possèdent les ont conduits à rechercher les permissions de chaque savant[6] et à les imiter sans rechercher ce qu’en disent les textes provenant d’Allah et de son prophète. »

 A la fin de sa parole il vise le « Talfîq » qui est connu chez les savants du fiqh et qui consiste à prendre la parole d’un savant sans demander la preuve mais simplement pour suivre ses envies. Ils ont divergé pour savoir si cela été interdit ou pas, et la vérité et que cela est interdit pour plusieurs raisons que nous ne détaillerons pas ici.

Ceux qui ont dit que cela été  permis se sont appuyés sur ce hadith, de même ceux qui ont dit : « celui qui imite un imâm  rencontreras Allah sans un blâme ».

Tout cela fait partis des récit faibles, méfis-toi en si tu veut la réussite :

يَوْمَ لَا يَنفَعُ مَالٌ وَلَا بَنُونَ

إِلَّا مَنْ أَتَى اللَّهَ بِقَلْبٍ سَلِيمٍ

« Le jour où les biens et les enfants ne seront d’aucune utilité sauf celui qui viendra devant Allah avec un cœur sain » [S26V88-89]


[1] 849H - 911H (abde-r-Rahman ibn abi bakr assouyouti) [T]
[2]
(771H - 817H) élève du Hâfidh A-Dhahabî  [T]
[3]
(384H - 456H) [T]
[4]
Comme l’a dit Al-Mounâwî (abdel raouf mort en 1021H) dans son livre « Faydh Al Qadîr » (tome 1 page 209)
[5]
rapporté par mouslim
[6]
Soulaymân attamîmî (de la 3ème génération, moufti de sont temps) a dit : « Si tu prend la permission de chaque savants, tu as alors réunis en toi le mal tout entier. » [T]